Retour à la « réalité » - Par Doria Maïz, rédactrice en chef
30 juin 20 | Editorial | #2343 :: rss
Clap de fin, du moins en Europe. Après trois mois de pause forcée, le monde reprend progressivement son rythme effréné. Acculés par la crise sanitaire engendrée par la Covid-19 et l’urgence de la situation à gérer, les industriels de la filière emballage ont été rapidement rappelés au bon souvenir des échéances réglementaires.
En effet, le calendrier de publication des textes d’application de la loi anti-gaspillage et pour l’économie circulaire (AGEC), même s’il a été jugé trop serré par un grand nombre de fédérations professionnelles, est globalement maintenu, avec l’espoir pour le Ministère de l’écologie, de boucler le chantier pour la fin d’année. Un manque de flexibilité des autorités pointé du doigt et qui impose de délais très courts pour l’organisation des consultations des parties prenantes et du grand public.
Dans ce contexte, l’on voit s'accélérer, après deux mois de silence radio imposé par le confinement, les effets d’annonce de grands groupes quant au lancement d’emballages plus «éco-responsables». En cosmétique, L’Oréal dévoile son premier tube carton de lait solaire pour sa marque La Roche Posay, quelques semaines avant de dévoiler «L’Oréal pour le futur». Un nouveau programme de développement durable ambitieux, dans lequel le groupe s'engage à basculer d'ici 2030 l'ensemble de ses emballages plastiques sur une origine recyclée ou biosourcée. En grande surface, Leclerc et sa marque Repère tout comme Carte d’Or lancent des bacs à glace tout carton. Nespresso met en avant ses nouvelles capsules à base de 80% d’aluminium recyclé. Zespri emballe ses kiwis dans des barquettes carton. Les exemples foisonnent. Chacun allant de sa stratégie pour réduire son impact environnemental : allégement des emballages, passage au mono-matériau, recyclabilité, biosourcé, intégration d’une part grandissante de matière recyclée, etc.
Mais il est un volet encore assez peu exploité, et pourtant bien présent dans la loi AGEC, celui du réemploi des emballages. Après plusieurs mois de discussions mouvementées autour de la consigne – pour au final être reléguée en plan B et ainsi apaiser les collectivités – la situation semble au point mort. Si quelques initiatives voient le jour à l’instar, il y a un an, du lancement de la plateforme Loop en partenariat avec Carrefour d’emballages consignés pour les produits de grande consommation, elles restent encore à l’état de prototype et cantonnées à un public restreint de par son coût.
Le vrac, présenté comme LA solution pour lutter contre les emballages a, de son côté, particulièrement souffert de la crise sanitaire du coronavirus. Fabrice Peltier, consultant emballages et intervenant expert pour le prochain salon All4pack, rappelle pourtant que les échéances sont pour demain. «Les éco-organismes devront définir d’ici le 1er janvier 2022 des gammes standards d’emballages réemployables pour les secteurs de la restauration, ainsi que pour les produits frais et les boissons. La loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire fixe d’ores et déjà des objectifs pour l’augmentation de la part de packagings réemployés : 5% en 2023 et 10% en 2027». Des chiffres ambitieux à atteindre en peu de temps. Le challenge est donc de taille. Dans ce «Monde d’après», le secteur de l’emballage n’aura pas le temps de chômer…
Extrait de la revue n° 649 - Juin 2020. Reproduction interdite sauf accord écrit d'Emballage Digest ou mention du support