Robotique mobile et intralogistique : un enjeu stratégique aussi pour les PME
posted Friday 31 October 2025
Par Jade Le Maitre, directrice générale de Proxinnov.
Quand on parle de robotique mobile, on pense souvent aux centres logistiques immenses ou aux usines des grands groupes automobiles, sillonnés par des flottes d’AGV (Automated Guided Vehicles) et d’AMR (Autonomous Mobile Robots). Mais la question mérite d’être posée : une PME a-t-elle vraiment intérêt à se lancer dans cette aventure ?
Le marché de la robotique mobile connaît aujourd’hui une croissance rapide. Les AMR, plus flexibles que les AGV, séduisent par leur capacité à naviguer sans infrastructure lourde (rails, bandes magnétiques). De nombreux acteurs internationaux (Kuka, Omron, Geek+, etc.) mais aussi européens (Agilox) et français (E-cobot, Sherpa Mobile, Exotec…) proposent désormais des solutions adaptées. Les coûts se démocratisent, même si l’investissement reste significatif. Selon les analystes, les ventes d’AMR devraient doubler dans les cinq prochaines années, notamment dans l’intralogistique, y compris dans l’agroalimentaire et le packaging.
Les promesses sont connues : réduction des déplacements sans valeur ajoutée, amélioration de la productivité, sécurisation des flux. Pour une PME, le gain principal est souvent humain : libérer les opérateurs de tâches répétitives et souvent pénibles. Un robot mobile ne demande jamais une pause-café (même s’il ne refuserait sans doute pas un peu de WD-40). Plus sérieusement, l’automatisation des flux internes permet de compenser des difficultés de recrutement et de stabiliser la production, tout en offrant un bénéfice long-termiste sur la marque employeur.
Dans le secteur de l’emballage, certains cas d’usage reviennent régulièrement. Le premier concerne l’approvisionnement en consommables : acheminer en continu bobines de film, cartons ou palettes vides vers les lignes de conditionnement. Le deuxième est le transport des produits finis depuis les lignes vers la zone d’expédition. Enfin, on retrouve de plus en plus le lien entre différentes étapes du process, par exemple le transfert semi-automatisé de lots entre machines, dans des ateliers où les implantations évoluent régulièrement. Ces flux, répétitifs mais chronophages pour les opérateurs, sont particulièrement adaptés à la robotique mobile.
Là où un grand site industriel peut justifier une flotte de plusieurs dizaines d’AMR, une PME doit raisonner différemment : il s’agit souvent d’identifier un goulot d’étranglement précis ou un flux répétitif. L’objectif n’est pas de « robotiser pour robotiser », mais d’optimiser progressivement, avec des projets pilotes, des ambassadeurs en interne, et surtout, le bon cas d’usage ! La modularité des AMR joue ici un rôle essentiel, permettant d’évoluer étape par étape.
Pour une PME, le plus grand risque est finalement de se lancer sans accompagnement ! Mais elles ne sont pas seules face à ce défi : plusieurs dispositifs d’aides existent, notamment dans le cadre de France 2030, ou via les Régions. Des centres techniques spécialisés, comme Proxinnov, proposent des diagnostics, des démonstrateurs en conditions réelles, de l’accompagnement au montage de projets et des formations, pour aider les équipes à anticiper l’intégration et la conduite du changement. L’enjeu est d’abord de bien cadrer le projet : quels flux cibler, quelles interfaces avec les équipements existants, quelle organisation interne préparer ?
Deux erreurs sont fréquentes : sous-estimer la préparation organisationnelle (un AMR ne s’intègre pas dans un atelier encombré, au sol trop inégal…) et surévaluer la rapidité du retour sur investissement. La réussite dépend moins de la technologie elle-même que de l’alignement entre process, personnel et robot.
En conclusion, la robotique mobile n’est pas réservée aux géants de l’industrie. Elle devient progressivement accessible aux PME, à condition d’adopter une démarche pragmatique et progressive. Le marché bouillonne, les solutions existent, et des structures comme Proxinnov sont là pour accompagner les industriels dans la sécurisation de leur projet. De quoi permettre aux PME de passer du « port de charges à bout de bras » … à une intralogistique fluide, autonome, et un peu plus reposante pour les épaules de leurs opérateurs.