
Flacons hygiène / beauté : concilier éco-conception et praticité
posted Wednesday 30 April 2025
Abonnez-vous à la revue pour lire la suite de l'article
s'abonner
Qu’il s’agisse de flacons grands formats, de tottle, de flacons en verre ou en aluminium, les marques et fournisseurs priorisent la recyclabilité des emballages destinés au marché de l’hygiène / beauté. Des produits qui doivent aussi rester désirables et pratiques pour les consommateurs.
Sur le segment des flacons pour les produits d’hygiène et cosmétiques, on retrouve aussi bien de grandes marques que des marques distributeurs. Une particularité qui en fait un marché divisé en sous-catégories et défini par différentes tendances. Côté hygiène, l’engouement pour les grands formats – de 400 ml à 1 litre – ne se dément pas. «Les flacons de 400 ou 500 ml ont le vent en poupe en ce moment, en standard comme en spécifique. Les hôtels vont devoir supprimer les petits formats de produits de toilette et se tournent vers des formats conséquents, en demandant des cols spéciaux permettant de snapper le bouchon, afin que les clients ne partent pas avec le flacon. Nous avons d’ailleurs développé une machine pour assembler le support qui se fixe au mur», précise Cécile Pompili, responsable marketing stratégique de Lumson. Le fabricant italien d’emballages en verre et en plastique, qui dispose de quatre usines en Italie, a récemment lancé plusieurs nouveautés, comme la gamme Fuji en verre, inspirée de la silhouette du Mont Fuji, et dont le col étroit remonte. Autre lancement récent, le flacon rectangulaire en verre TAG Electa, disponible en version airless à poche ou en version atmosphérique.
Laetitia Artola, chef de produit beauté et pharmacie pour Embelia, observe, elle, une évolution vers des flacons rechargeables en verre pour des produits comme des huiles lavantes, des savons liquides ou des eaux micellaires. «Nous avons étoffé nos gammes avec des flacons en verre sécurisé, plastifié, pour des contenances de 200 ou 300 ml. L’usage de ces flacons, dédiés à l’origine au secteur pharmaceutique, a évolué vers des applications en cosmétique», explique-t-elle. D’autre part, «les galéniques changent avec l’essor des cosmétiques solides : par exemple, des shampoings liquides laissent place à des poudres reconstituables. Pour répondre à cette tendance, les clients recherchent des flacons avec des cols assez larges, en 28-410, afin d’y conditionner des applications sous forme de galet», ajoute-t-elle. Plus inattendu, le marché exponentiel des compléments alimentaires nécessite de nouveaux contenants : «les marques enrichissent leurs gammes de soins existantes en proposant des gélules pour les cheveux, les ongles, etc. La demande augmente pour des emballages de type pilulier. Des clients qui utilisaient auparavant des blisters vont aussi vers ce type de packaging», constate Sophie Turpin, responsable marketing d’Embelia.
Le marché des soins capillaires est en effet en augmentation (+2,79% de CAGR entre 2023 et 28, selon WGSN). Pour ces produits, «les formats sont plus variés. Les marques adoptent les droppers pour un meilleur dosage, ou des flacons plus créatifs, de forme carrée, organique ou asymétrique», remarque Loretta Riché, cheffe de produit soin pour Albéa. Quant aux marques ciblant les jeunes consommateurs, «elles recherchent des emballages créatifs, «instagrammables», et sont en attente de formes, de couleurs et de textures diverses. Les tottles plaisent beaucoup : ils sont aussi bien utilisés pour des produits solaires, des produits pour le soin ou le maquillage – et en petit format, ils conviennent à des versions nomades», ajoute-t-elle, mentionnant le Lolli Tottle d’Albéa.
Des technologies qui aident à la réduction de poids de matière
« Côté design, les marques d’hygiène choisissent des flacons longilignes, notamment pour faciliter le rayonnage et la surface étiquetable de communication. Quant aux marques de cosmétique, elles continuent de miser sur des flacons classiques, cylindriques, qui permettent de bien optimiser les emballages secondaires – tout en restant dans des codes qui rassurent le consommateur», souligne Pierre Pommarel, directeur commercial d’Actipack. La société fournit des flacons en PET à des marques distributeurs, entre autres. « Aujourd’hui, les marques sont avant tout intéressées par l’éco-conception. L’intégration de matière recyclée est demandée dans quasiment tous les projets, avec des taux de rPET allant de 25 à 100% pour les plus grandes marques. Les marques distributeurs y viennent aussi, dans des proportions limitées pour des raisons économiques», ajoute-t-il. «Pour tous les développements à venir, la réduction du grammage est drastique sur les flacons. Sur des flacons en 400 ml pour la cosmétique, on réussit à obtenir 17% de réduction de poids de matière. Depuis trois ans, nous utilisons la technologie «Zero cooling» pour fabriquer des flacons ISBM, dont le poids est réduit de 10 à 20% tout en assurant une meilleure répartition de la matière», assure-t-il. Cela passe aussi par des subtilités au niveau du design pour renforcer les points de faiblesse potentiels. «De leur côté, les conditionneurs doivent jouer le jeu avec des machines de dépose d’étiquettes plus performantes, moins «brusques» avec les flacons», indique Pierre Pommarel. La société Embelia a lancé une nouvelle gamme de flacons en PET allégés de plusieurs grammes: elle a également investi dans la technologie «Zero cooling», un procédé d’injection nécessitant moins de matière et d’énergie. «La répartition de la matière est plus homogène, tout en atténuant l’effet loupe et en augmentant la productivité. Nos outillages permettent de fabriquer des flacons en trois contenances», précise Laetitia Artola.
Bouchages : pratiques et légers
Actipack a récemment lancé le flacon VAO en PET en 250 ml. Des formats complémentaires en 300 ml ainsi qu’une version en tottle de 200 ml (à destination du marché des après-shampoings) sont en cours de développement. Ce flacon peut être associé à une nouvelle capsule bi-couleur, baptisée Nove. Autre nouveauté : la gamme de flacons Isil en PET, aux épaules strictes et à la forme cylindrique. La capsule, pesant 2,5 g, a fait l’objet d’une étude d’éco-conception pour obtenir un ensemble optimal, avec une réduction de poids de plus de 15% par rapport aux modèles équivalents actuels d’Actipack. En effet, le poids du bouchage compte, et lui aussi est soumis à un régime. Actipack fournit l’ensemble flacon et bouchage grâce aux sociétés sœurs du groupe Axium Packaging. «Il est en revanche plus difficile d’intégrer du PP recyclé : pour l’instant, les capsules sont surtout fabriquées en matière vierge», remarque Pierre Pommarel. Chez Lumson, Cécile Pompili note «une augmentation des ventes de bouchons flip top ou disc top pour des flacons souples en PE. Nous allons d’ailleurs bientôt sortir une gamme de capsules flip-top en PE revêtues d’une couche soft touch – un toucher qui semble revenir dans les tendances. Pour les flacons en PET, les clients choisissent plutôt des pompes ou des compte-gouttes», souligne-t-elle.
Privilégier les matériaux recyclables et/ou recyclés
L’allègement concerne bien sûr aussi les flacons en verre. Les parois et les fonds s’affinent. «Notre philosophie est de réduire le poids des pack, d’optimiser l’utilisation des matériaux et de limiter le nombre de composants. Pour ce faire, nous utilisons des outils logiciels internes dédiés à l’évaluation de la faisabilité de l’utilisation d’épaisseurs de paroi minimales lors du développement de nouveaux produits. L’allègement des contenants en verre peut entraîner une fragilité accrue, que nous pouvons compenser grâce à des revêtements protecteurs qui aident à réduire le risque de casse», détaille Maurizio Ficcadenti, responsable R&D de Baralan. En ce qui concerne les matériaux, l’entreprise s’est récemment concentrée sur l’utilisation d’options recyclées et recyclables. «Nous avons choisi le PET comme l’un des matériaux clés de nos développements, comme nous l’avons fait pour notre système Premium Re-Charge», indique-t-il. Ce nouveau système est composé d’un boitier en plastique accueillant un contenant en verre rechargeable. Deux variantes de flacons sont possibles, car l’emballage est compatible avec les dispositifs de distribution airless et traditionnels. Un col à vis permet d’interchanger le flacon. «Les marques recherchent des formats pratiques, faciles à utiliser en déplacement et adaptés aux voyages, sans compromettre le design. Pour nous, la simplicité d’utilisation est un critère essentiel dans chaque nouveau développement», assure Maurizio Ficcadenti. La demande est croissante pour des packs rechargeables, dont la gestuelle doit être intuitive. «Si la recyclabilité des matériaux est déjà incontournable, les clients s’orientent massivement vers des matières recyclées, ou des matières alternatives biosourcées – carton, bois, plastique végétal. Nous constatons qu’ils apprécient les flacons en aluminium recyclé pour des recharges de parfums. Ce matériau recyclable à l’infini est une bonne alternative. Il permet une forte réduction de son impact énergétique tout en offrant une bonne protection de la formule», souligne Sophie Turpin. En 2024, Lumson avait mis sur le marché la collection Essential, rassemblant quatre flacons en aluminium de 50 à 150 ml, pouvant être fabriquée en métal 100% recyclé. Le fournisseur italien devrait, par ailleurs, bientôt proposer un matériau PP PCR recyclé chimiquement et donc de grade alimentaire.
Des teintes translucides
Pour ne pas perturber les filières de tri, les marques sont attentives à la façon dont le pack est décoré. Les marques distributeurs et milieu de gamme privilégient surtout les étiquettes – la sérigraphie étant plutôt choisie par des marques haut de gamme. «On note que les colorants opaques disparaissent progressivement. Quasiment toutes les marques s’orientent vers des teintes translucides pour un meilleur recyclage» remarque, Pierre Pommarel. Afin de promouvoir une nouvelle technologie, Albéa a créé la gamme Summer Serie, en PET multicouche: la couleur dégradée est obtenue par soufflage et non par une impression. En effet, le soufflage de la préforme – après son injection lors d’une première étape, permet d’obtenir des effets type dégradé ou glossy sans utiliser de vernis ou de peinture. Les flacons protègent ainsi la formule de la lumière avec moins d’additifs, selon la société. En 2024, Baralan dévoilait une nouvelle solution de décoration 3D pour l’emballage cosmétique. «Le véritable défi était d’imprimer en 3D sur du verre et que la résine puisse «accrocher» la surface externe du verre. Après de nombreux tests, nous avons trouvé la formule correcte combinant des couches de résines et de revêtements. Aujourd’hui, nous sommes capables d’obtenir différents effets, tels qu’une décoration transparente qui simule une décoration en verre, ou des couleurs semi-transparentes», précise Maurizio Ficcadenti. Lumson s’est inspiré de la couleur de l’année 2025, la couleur pantone Mocha Mousse, et a dévoilé début 2025 la collection Absolute, comprenant sept flacons en verre de 10 à 30 ml en teinte «brun glacé» brillante semi-transparente. Des flacons à la pointe des dernières tendances…