
Le pot en verre séduit toujours plus
posted Saturday 31 May 2025
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Sur le segment de la cosmétique, le pot en verre gagne des parts de marché, séduisant les marques par son aspect premium et durable. Les verriers continuent d’étoffer leurs gammes de pots rechargeables, et de travailler sur l’allègement et l’intégration de matières recyclées.
Bien que l’emballage en plastique continue de dominer le secteur des cosmétiques, la demande pour les emballages en verre progresse régulièrement – et notamment sur le segment des pots. Cette tendance est portée par une double dynamique : une quête de durabilité accrue et une volonté de valoriser l’image des marques à travers des matériaux perçus comme plus nobles. «La part de marché des pots en plastique reste plus importante que celle des pots en verre, en particulier pour les produits de mass-market, mais les consommateurs et les marques privilégient de plus en plus le verre pour leurs produits haut de gamme, comme les soins», analyse Thomas Eidloth, responsable de la RSE du groupe Heinz Glas. Charlotte Defoin, responsable marketing et communication du verrier Stoelzle Masnières, confirme cette évolution : «des marques passent du pot plastique à celui en verre, surtout pour une question de recyclabilité – le verre étant recyclable à l’infini et en boucle pour un même usage». Elle observe également un intérêt croissant pour la réutilisation : «des marques – notamment en dermo-cosmétique – souhaitent pouvoir réutiliser les pots après lavage, selon le principe de la consigne. Le plus difficile pour elles est d’organiser l’écosystème – récupération des pots, lavage, remise en circuit, etc.», dit-elle. Cette pratique a déjà été initiée par la marque bretonne Endro, qui dès 2020 a mis en place une consigne pour ses petits bocaux cosmétiques, collectés en point de vente et renvoyés à l’atelier pour tri, stockage et lavage. Concernant les tendances actuelles, Bérangère Raguenet, directrice marketing et communication de Verescence, note «un intérêt croissant pour les grandes contenances (autour de 200 ml), surtout pour les crèmes corps, et pour les formats carrés. Côté décoration, la gravure sur les pots en verre, avec des motifs et des piqûres travaillées, est de plus en plus demandée pour un effet premium». Les marques tendent à opter pour des décorations permettant de conserver la recyclabilité du pack. «Nous développons des décors qui ne compromettent pas le processus de recyclage dans les usines de tri. C’est le cas, par exemple, du laquage bleu semi-opaque du pot Orchidée Impériale de Guerlainou du laquage aluminium dégradé du pot «Le Soin d’exception» de Nuxe», ajoute Bérangère Raguenet.
Une dynamique renforcée par les solutions rechargeables
L’adoption plus large des pots en verre s’inscrit aussi dans une transformation des pratiques de consommation. «L’utilisation croissante de solutions rechargeables par différents types de marques – du mass-market au prestige– façonne un nouveau comportement chez les consommateurs, qui comprennent désormais la valeur et l’impact des emballages rechargeables», souligne Andrea Ucchino, directeur du design pour l’Europe du Sud chez Berlin Packaging EMEA. «J’ai le sentiment qu’il y a eu un essor des pots rechargeables avec cupule en plastique, et que cette tendance se stabilise. Nous avons lancé en 2022, en partenariat avec Technicaps, notre premier pot rechargeable, baptisé Perpétuel. Nous avions conçu un système d’accroche de la cupule afin que l’attache ne soit pas visible mais il semble que cela ne correspond pas aux attentes du marché. Nous avons retravaillé le design depuis pour intégrer une cupule de 50 ml et assurer au consommateur une facilité de fixation et de retrait de la cupule», explique Charlotte Defoin. Les nouveautés des fournisseurs comportent de nombreux pots rechargeables. Berlin Packaging a récemment lancé la collection d’emballages Pockii, aux formes arrondies. Cette collection comprend deux pots en verre de 50 ml : un pot conçu pour être léger, facile à utiliser, proposé avec un capot monobloc en PP en deux versions (plate ou bombée) ; et un pot rechargeable doté d’une cupule et d’un capot en PP, ou en PP et aluminium.
La société Bormioli Luigi a lancé en 2024 le pot Reverre, qui inclut une cupule amovible en verre. L’ensemble est étanche grâce à un anneau plastique, facile à retirer afin de ne pas perturber le processus de recyclage. Quant au verrier Verescence, il a ajouté deux pots rechargeables à sa collection de standards, offrant deux gestuelles différentes : «avec Twirl, pot codéveloppé avec Albéa,
la cupule est maintenue par un discret système de verrouillage, horizontalement et verticalement. Le vide entre le pot et la cupule est réduit au maximum. Sur le pot Dasi, développé pour le marché Asie-Pacifique avec notre partenaire coréen Kugil, la cupule est clipsée verticalement», décrit Bérangère Raguenet.
Le groupe a accompagné le Laboratoire SVR pour le nouveau conditionnement des soins Biotic, désormais présentés dans la version premium du pot rechargeable Twirl. «La base en verre intègre 20% de verre recyclé post-consommation (PCR), et se pare d’un laquage effet dépoli et d’une sérigraphie trois couleurs – qui remplace le marquage à chaud, une technologie utilisant de nombreux consommables», ajoute-t-elle.
Repousser les limites de la réduction du poids de verre
Intégrer du verre PCR est une option qui intéresse les marques. Mais selon le taux de verre recyclé, la transparence du verre peut être affectée – une problématique qui ne concerne pas le verre teinté. L’entreprise Stoelzle Masnières constate une augmentation des demandes pour sa gamme Pharmacos, en verre ambré. «Ce type de verre plaît pour son esthétisme mais aussi pour son côté écologique, car il contient un taux élevé de matière PCR – 75% dans nos pots– sans que cela nuise à l’aspect visuel. C’est aussi une option intéressante sur le plan économique : ce verre de grade pharmaceutique est moins cher tout en permettant d’importantes cadences de production», assure Charlotte Defoin. Ces produits sont fabriqués dans les usines du groupe en Autriche et en République Tchèque. Le verrier Verescence a lui intégré 40% de verre recyclé dans le pot bleu du soin Orchidée Impériale de la marque Guerlain – pot dont le poids a par ailleurs été drastiquement réduit de 62%, passant de 244 à 93 g. Car dans une logique de durabilité, et aussi de réduction des coûts de transport, l’allègement du verre demeure une priorité. «On voit toujours sur le marché des pots en verre pressé, assez lourds, mais la tendance va vers plus de légèreté. Dans notre gamme éco-conçue Ecoline, notre pot pèse 62 gau lieu des 150 g de notre pot standard Laura – un modèle de même contenance», détaille Simone Baratta, directeur de la division Beauté de Bormioli Luigi. Par ailleurs, la société utilise sa technologie Save Glass, une laque élastique transparente qui protège les grands formats (pots et flacons) dans la salle de bain. Stoelzle Masnières prépare également une nouvelle gamme de pots allégés, prévue pour le dernier trimestre 2025. «Nous nous sommes basés sur notre pot cylindrique en 50 ml, qui pèse
129 g. Nous visons de réduire de 45% la matière, en optant pour un design avec des bords plus fins et sans fond de verre épais», précise Charlotte Defoin. Le verrier revisite le pot rechargeable Twirl, développé donc par Albéa et Verescence, en allégeant le pot de 110 g (50 ml) de 16%, atteignant ainsi 92 g. Il travaille actuellement sur d’autres contenances. La formulation du verre permet aussi d’améliorer son impact environnemental, en utilisant des matériaux qui réduisent l’énergie nécessaire ou la quantité de CO2 émis.
Des capots esthétiques et fonctionnels
Les attentes des marques évoluent vers des pots standards rapidement personnalisables – notamment avec des capots issus de matériaux comme le bois, l’aluminium ou les plastiques biosourcés. Le verrier Bormioli Luigi s’inscrit dans cette tendance. «Nous avons conçu des prototypes de capots en verre, mais pour l’instant le marché n’y est pas réactif et cela s’avère compliqué : si le pot reste classique, doté d’une bague à vis, il est nécessaire de conserver du plastique dans le capot. Ou alors il faut changer l’ergonomie de l’ouverture et adopter une nouvelle gestuelle, comme avec le design du pot Skin Lock, qui s’inspire du pot alimentaire et dont le couvercle en verre se ferme par compression mécanique d’un joint en silicone recyclé», indique Simone Baratta. Chez Heinz Glas, l’innovation se concentre, entre autres, sur l’expérience consommateur. «Les combinaisons pot-capot sont de plus en plus développées en ayant des bénéfices multifonctionnels à l’esprit, combinant esthétisme et praticité», explique Thomas Eidloth. Le verrier a mis au point le système «Turn & Click», qui repose sur un mécanisme de type baïonnette, nécessitant une rotation minimale pour ouvrir et fermer le contenant. Un «clic» audible signale que la fermeture est effective, assurant une étanchéité optimale et évitant le sur-serrage du filetage. Ce mécanisme est conçu pour être intuitif et agréable à utiliser. Le système peut être fabriqué en verre ou en plastique. L’aspect premium du pot passe aussi par son capot…