
Préformes : des exigences accrues en termes de durabilité
posted Sunday 31 August 2025
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Les marques, notamment à l’export, se tournent vers les bouteilles en PET pour de nouvelles applications – comme l’alcool, entre autres. Elles sont intéressées par la recyclabilité et la légèreté de ce matériau. Les fabricants de préformes continuent leurs travaux d’allègement et d’intégration de matière recyclée.
Traditionnellement orienté sur les eaux, les jus ou le lait, le secteur de la préforme connait quelques nouvelles applications, notamment dans les vins. Les fabricants de préformes en développent de différents designs et cols, à l‘instar d’Alpla et de son client-partenaire Wegenstein Winery (un vignoble en Autriche) qui ont conçu une bouteille de 75 cl en PET pesant 50 g, avec un col à vis adapté au classique bouchon en métal. La société PDG Plastiques a, elle, développé en 2024 une bouteille en PET pour les vins effervescents, se fermant avec un bouchon liège et un muselé. «La pénurie de verre a accéléré le développement de cette solution, qui nécessite une préforme spécifique avec des épaisseurs importantes et un fond de bouteille de type champenoise. C’est une bonne alternative au verre en termes de capacité de conservation, tout en étant bien plus légère (90 g pour une bouteille de 75 cl). Pour l’instant, nous la produisons en petite quantité : il reste quelques réticences à utiliser du plastique pour des bouteilles, mais les étrangers y sont plus réceptifs et elle pourrait convenir à une multitude de petits marchés à l’échelle mondiale», souligne François Desfretier, dirigeant de PDG Plastiques. La mise au point de cette bouteille a demandé deux ans : «nous avons dû apprendre à travailler la préforme et à maitriser le soufflage pour bien répartir la matière afin que la bouteille ne se déforme pas. Nous avons également apporté une barrière à l’oxygène par des additifs», ajoute-t-il. Chez la Société Générale des Techniques (SGT), Gilles Bouguen, responsable R&D, constate «un regain d’activité sur les marchés britanniques et américains pour des bouteilles de vin en plastique. En partenariat avec Event Wine Solutions (une société britannique qui fournit des vins dans des emballages en métal ou en plastique, NDLR), nous avons par exemple mis au point une bouteille de vin en 100% rPET. Et c’est un vrai choix car ces marchés ne sont pas contraints aux matières recyclées», note-t-il. Autre application en plein essor selon SIPA, fabricant italien de machines pour produire et remplir des bouteilles : les fûts à usage unique en PET pour différentes boissons (bière, cidre, kombucha, cocktails…). «Ils révolutionnent le marché en éliminant les retours logistiques, le nettoyage et la gestion des fûts métalliques traditionnels.
Ils sont légers, économiques, hygiéniques… c’est un vrai atout pour les producteurs et distributeurs», estime Marco Brusadin, directeur du développement packaging de SIPA. Hors alcool, il note que le PET est apprécié pour sa transparence et ses propriétés barrières pour les huiles alimentaires. Quant à la SGT, elle a également produit des préformes bicolorespour des eaux de marques étrangères : «nous utilisons la technologie multicouche des préformes – qui sert plutôt à assurer une barrière habituellement, pour obtenir des effets de dégradés de couleur», indique Gilles Bouguen. Par ailleurs, la SGT a mis au point des préformes de pot de yaourt: «1 Blow travaille avec notre préforme de pot afin de créer une machine à destination des producteurs de pots de yaourts. Cela devrait permettre le développement de ce marché», relève-t-il.
Des avancées sur les grands formats
« A l’export, nous recevons des demandes pour des fontaines à eau en 5 gallons (environ 19 litres, NDLR) à usage unique. Nous produisons habituellement des préformes pour des fontaines réutilisables, plus lourdes (650 g), pour l’Europe. Mais à l’export, la réutilisation n’est pas encore gérée sur le plan logistique. Les préformes de ces fontaines à usage unique sont plus légères (360 g)», détaille Gilles Bouguen. SIPA a conçu une bouteille en PET grand format pour de l’eau minérale: cette bouteille de 8 litres est dotée d’un col de 38 mm, identique à celui de la version 5 litres. Ce choix de conception simplifie les processus de production, permettant des transitions rapides entre les deux formats et réduisant les temps d’arrêt. Traditionnellement, les fabricants de bouteilles de grande contenance utilisent des cols plus larges pour les formats 8 litres – généralement 48 mm, également utilisés pour les formats 10 litres. Cela implique de modifier à la fois le moule du corps de la bouteille et celui du col lors des changements de format, ce qui augmente le temps de production. En outre, ce nouveau design réduit le poids des préformes : les préformes à col 38 mm sont environ 6 grammes plus légères que celles à col 48 mm, et elles sont plus facilement disponibles sur le marché. «Le principal enjeu était de concevoir une bouteille de 8 litres capable de conserver son intégrité structurelle et ses performances avec un col plus petit. Il ne s’agissait pas simplement de réduire la taille du col ; cela a nécessité une refonte complète de la conception de la bouteille et du processus de soufflage», assure Marco Brusadin. La bouteille de 8 litres a été conçue en intégrant un motif ondulé à la fois esthétique et fonctionnel, qui optimise le ratio d’étirage de la préforme. «En contrôlant précisément la manière dont le PET s’étire pendant le processus de soufflage, ce motif renforce considérablement la résistance à la compression verticale et latérale de la bouteille – des caractéristiques essentielles pour les grands formats devant résister à l’empilement et à la manutention sans se déformer», ajoute-t-il. Cette conception complexe a été rendue possible grâce à la flexibilité de la plateforme de soufflage-étirage linéaire SFL de SIPA.
Encore des marges de progression dans l’allègement
De façon générale, l’allègement des bouteilles reste un axe majeur d’évolution pour les fabricants de préformes. Les cols contribuent aussi à l’allègement des emballages. «Le passage du col 18-81 vers le col 26-22 se fait plus lentement que prévu mais ça avance. Nous en voyons à l’export, ce qui est nouveau. Dans ce contexte, des investissements sont en cours afin d’augmenter nos capacités en cols 26-22», indique Gilles Bouguen. «Pour des produits comme du lait ou des jus, les clients sont moins demandeurs d’allègement afin que les consommateurs conservent un ressenti «qualitatif» en manipulant les bouteilles, mais pour les eaux ou les boissons gazeuses, l’allègement se poursuit. Le col 26-22 se développe beaucoup pour les boissons gazeuses par exemple, et permet d’alléger encore le col de 3,8 g à 2,6 g», détaille François Desfretier. L’entreprise PDG Plastiques continue de moderniser son parc machine avec de nouvelles presses à injecter, de nouveaux moules ou designs de préformes dans le but justement de pouvoir les alléger en optant pour des épaisseurs plus fines à la fois au niveau du col, du corps et du fond. «Il y a encore une marge de progression dans l’allègement. Nous pouvons améliorer le design des bouteilles pour qu’elles soient plus résistantes mécaniquement. En parallèle, le consommateur s’habitue à des bouteilles plus souples. Aujourd’hui, une bouteille d’1,5 litres pèse environ 21 g pour les plus légères», dit-il. En parallèle, l’entreprise poursuit le développement de sa technologie Mint-Tec, notamment pour alléger des bidons empilables de 20 litres: «au tout début, nous avons gagné 50 g sur le fond de la préforme ! Nous emboutissons le fond de la préforme, qui est donc plus étirée et plus fine au moment de la fabrication du bidon», décrit-il. Les clients sur le segment des bidons alimentaires de 5 à 20 litres, en usage professionnel, s’intéressent de plus en plus au PET en remplacement du PEHD. «L’avantage est de pouvoir incorporer du rPET et ainsi répondre à la règlementation. On constate que l’intégration de PET recyclé se stabilise, car la directive PPWR – obligeant les acteurs de l’emballage à intégrer 25% de plastique recyclé – est désormais implémentée en Europe. Les entreprises ne semblent pas avoir la volonté d’aller vers l’intégration de 50 ou 100% de matière recyclée car celle-ci coute cher et il ne faut pas déstabiliser un écosystème qui se met en place au niveau Européen. Le marché doit encore s’organiser. Mais on ne constate pas de tension dans l’approvisionnement», note François Desfretier.
Des exigences accrues concernant l’origine du rPET
Cette obligation légale bouscule le marché du rPET. «On note une évolution majeure : jusqu’alors, on constatait des tolérances sur les origines du rPET, les pourcentages incorporés ou les certifications, mais la prime à l’incorporation change la donne. Toutes les règles – qui étaient déjà effectives, sans être strictement suivies – sont désormais appliquées à la lettre. Cela change beaucoup de choses dans la production du rPET et met une pression sur le marché de ce matériau alimentaire», souligne Gilles Bouguen. Le groupe SGT produit son propre rPET dans ses usines françaises. «L’enjeu aujourd’hui est de trouver du «flake» – les paillettes de PET issues du PCR que l’on régénère – certifié pour assurer la certification «RecyClass» de notre rPET, et ainsi donner à nos clients la possibilité de pouvoir revendiquer les primes à l’incorporation. Ces primes sont liées aux applications : pour chaque poids de bouteille, les taux d’incorporation sont différents. Cela entraine une complexité sur la gestion des préformes : nous multiplions les articles référencés chez les clients», détaille Gilles Bouguen. Dans son usine de Rezé, la SGT a investi en 2024 dans une nouvelle centrale matière qui automatise l’alimentation en PET de l’ensemble du parc machines. «Nous gagnons ainsi en rapidité, en précision et en traçabilité», ajoute-t-il. Les acteurs du secteur continuent de travailler également sur le rPET opaque pour les bouteilles de lait. Le recyclage des bouteilles de lait en PET opaque – avec retour à la bouteille – est désormais bien effectif. L’organisation de la collecte et du recyclage au niveau européen a permis d’améliorer cette circularité. Membre d’un consortium travaillant sur le sujet (regroupant notamment la SGT et PDG Plastiques), la Laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel (LSDH, conditionneur de lait pour les marques distributeurs, entre autres) intègre depuis 2024 un minimum de 30% de rPET dans toutes ses bouteilles de lait. Une décision qui stimule la filière.