Palettes maquillage : entre nomadisme et matériaux durables
publié le dimanche 30 octobre 2022
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Au rayon make-up, les palettes n’échappent pas à la vague de durabilité. Marques et fournisseurs travaillent sur des emballages rechargeables, fabriqués à partir de matériaux plastiques recyclés et/ou de matériaux recyclables. De nouvelles gammes de palettes et compacts sont conçues en monomatière plastique, carton ou encore en fibres moulées.
En quête d’emballages réutilisables, les marques s’orientent de plus en plus vers des palettes rechargeables en plastique (fabriquées avec ou sans matière recyclée) ou en métal. Le fournisseur Meiyume a, par exemple, développé une palette nomade en aluminium pourvue de porte-godets clipsables dans le plateau. «L’utilisateur peut ainsi changer les godets individuellement au fur et à mesure de leur utilisation. C’est un avantage clé. Autre intérêt : la possibilité de choisir les couleurs au moment de l’achat, et donc de pouvoir customiser sa palette», souligne Magali Galea, designer senior pour l’entreprise. Meiyume a travaillé sur diverses alternatives pour répondre aux demandes des marques souhaitant diminuer leur empreinte environnementale, dont notamment des solutions utilisant des matériaux recyclés (pouvant être aptes au contact alimentaire) et/ou recyclables ainsi que des packaging entièrement recyclables – comme une palette de maquillage en fer blanc, se fermant par un clip.
Des fournisseurs optent pour des matières plastiques recyclées «de niche», comme l’ABS PCR. C’est le cas de Linea Glam, avec son compact Jaderépondant aux codes du luxe – ou encore la palette Maysky, disponible en 100% ABS PCR. Dans sa gamme Hush, le groupe HCP Packaging a lui aussi mis au point un compact (pour ombre à paupières)en ABS recyclé.
Des palettes rechargeables dans toutes les matières
Toujours dans cette collection éco-conçue,
HCP Packaging propose un nouveau design de packaging pouvant être utilisé comme une palette rechargeable : le «radical cube». Cette boite cubique moulée en ABS recyclé contient quatre cubes individuels (chacun fermé par un couvercle) de 5 ml, pouvant accueillir une formule coulée à chaud.
Dans sa gamme Be Green, Texen Beauty Partners compte trois modèles de palettes standards, rechargeables selon un principe de godets aimantés. Le godet s’extrait facilement de son logement grâce à une minuscule perforation au dos du boîtier dans laquelle il suffit d’insérer une fine tige métallique. Ces palettes peuvent être produites en matière vierge ou recyclée, mais surtout en bio PET, composé de déchets recyclés de canne à sucre (20%) et de plastique vierge PET (80%). Ce matériau limite les contraintes techniques en phase de transformation, et respecte davantage le rendu de teintes délicates comme le blanc (comparé aux matériaux recyclés de type rPET). «Afin de proposer des palettes en monomatière, nous étudions des solutions sans aimants. Pour remplacer la tige métallique dans la charnière, nous testons une tige conçue dans la même matière plastique que le boitier», révèle Delphine Huyghe, directrice commerciale de Texen. Les entreprises MKTG Industryou encore Linea Glam ont, elles aussi, développé des palettes et compacts rechargeables en plastique. Sur le dernier salon Luxe Pack Monaco, Albéa dévoilait dans cette tendance son nouveau compact rechargeable 100% PP recyclable. Le pack se démarque par sa légèreté et ne contient aucun métal, tout en affichant une grande résistance mécanique. Grâce à son poids réduit de 35% par rapport à des compacts plastique de taille similaire et sa fonction rechargeable, le nouveau compact voit son impact environnemental réduit de 53% après seulement deux recharges. Outre son système de recharge intuitif permettant de remplacer le godet vide très facilement, le nouveau venu s’adapte au design de différents boîtiers (palette maquillage, mono-compact etc…). «Ce nouveau développement va au-delà de la réutilisation car il assure également le recyclage et le réemploi des matériaux lors de la fin de vie du pack. C’est donc un parfait exemple de circularité, un sujet au cœur des innovations Albéa», commente Aline Roland, directrice Marketing Cosmetics & Fragrance chez Albéa.
Les alternatives carton se développent…
Les palettes maquillage ne dérogent pas à la règle, se laissant séduire par l’alternative carton. Ainsi, le groupe Texen a mis au point une collection de packagings en carton, comprenant notamment une palette pour les yeux à l’ouverture coulissante (trois godets) et deux compacts avec miroir. L’un des deux compacts inclut un emplacement pour un applicateur situé sous le compartiment pour la poudre. Dans sa gamme Hush, HCP Packaging a développé la Well Paper palette, en carton et recouverte de papier recyclé non-couché. L’insert accueillant les godets est recouvert de papier texturé imitant l’aspect du bambou. La partie supérieure de la palette vient recouvrir la partie inférieure pour fermer le pack. Quant au fournisseur MKTG Industry, il a créé le packaging baptisé «Flatty» (signifiant «plat»), en 100% carton et papier. Son système de fermeture est basé sur un élastique, ou une étiquette repositionnable. «Nous avons dessiné Flatty afin qu’il soit l’emballage primaire pour poudre de maquillage le plus fin jamais créé. Son épaisseur est de seulement
5 mm. En occupant le moins de place possible, il peut ainsi être transporté partout facilement et se glisser dans une pochette ou dans une poche de veste… Le plateau intérieur en carton est conçu spécialement pour tenir le godet en métal sans que celui-ci ne soit collé, permettant ainsi de changer facilement de godet, ou de séparer les éléments pour le recyclage», indique Stefano Focolari, président et directeur général de MKTG Industry. «Dernièrement, beaucoup de clients nous ont demandé de développer des palettes ou des compacts avec une base magnétique pour des recharges : nous avons donc développé différents types d’emballages. Nous avons également conçu la palette Mono Refill avec un petit aimant, qui ne représente qu’un pourcentage minimum de matériau comparé à la composition globale du pack. Cet emballage peut donc être déposé dans le bac de tri du papier», assure-t-il. De son côté, Meiyume a développé des palettes en cellulose moulée. Ce matériau présente l’avantage de pouvoir créer des volumes en 3D, et d’obtenir un état de surface très qualitatif. A suivre pour de futurs nouveaux designs…
… avec des bémols qui persistent
Si elle séduit les marques au positionnement essentiellement aujourd’hui naturel et bio voire vegan, l’offre carton offre de nombreux avantages quant à son industrialisation. En effet, la fabrication des palettes de maquillage carton présente l’avantage de ne pas nécessiter de moule – un gain conséquent lorsqu’on connait le coût de développement d’un moule d’injection en plastique. «Elles sont personnalisables très facilement et demandent peu d’outillage. Leur conception est plus rapide que celle d’une palette en plastique, et les quantités de production minimum moins élevées», souligne Cécile Force, responsable du développement packaging de MS Beautilab. La société est spécialisée dans la formulation, le conditionnement et le co-packing de solutions maquillage et soin. Pourtant, elles affichent quelques inconvénients. La pliure du carton s’use – contrairement à une charnière en plastique, et la poudre volatile peut salir le carton dans le temps. Pour la fermeture d’une palette en carton, souvent par un rabat de type «flap» (aimanté ou non), un élastique ou un ruban, une intervention manuelle est nécessaire – ce qui peut induire des coûts de conditionnement plus élevés que ceux d’une palette en plastique. Autre aspect : «avec les palettes en carton, il est compliqué de couler des poudres directement dans le pack : il y a un risque de migration, les encres ne doivent pas être en contact avec la formule, et si celle-ci est grasse, le carton peut absorber une partie du gras – à moins de déposer une couche de protection supplémentaire. Nous cherchons des solutions pour ajouter une protection barrière au carton», précise Cécile Force. Une palette en carton est, par ailleurs, difficilement rechargeable longtemps. Autant de points d’amélioration à optimiser sur les futures versions.