
Personnalisation et flexibilité :l’impression numérique séduit les acteurs de la cosmétique
publié le mercredi 30 avril 2025
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Les méthodes d’impression traditionnelles consomment beaucoup de ressources et génèrent des déchets importants. Le souhait de tirages plus courts et de packagings personnalisés de la part des industriels de la cosmétique joue en faveur de l’impression numérique dont la qualité ne cesse de se développer.
Les méthodes d’impression traditionnelles nécessitent plusieurs étapes de préparation et la production de plaques montées sur un cylindre pour transférer l’encre. L’installation d’une machine, les plaques et la main-d’œuvre, amorties lors de l’impression de séries, sont coûteuses pour des tirages plus modestes.
Lorsque les volumes d’impression ne sont pas trop grands, l’impression numérique offre des délais d’exécution plus courts. Et quelques clics suffisent, sans changement de plaque, pour lancer l’impression d’un nouveau visuel. Autre atout du numérique : le fait de limiter la gâche, économisant matière première et produits chimiques. Un avantage à la fois économique et écologique.
Des machines flexibles…
Dans l’industrie, la plupart des presses numériques utilisent des toners ou des encres liquides (jet d’encre aqueux ou UV) selon les épaisseurs à imprimer. Le séchage laser ou UV fait adhérer l’encre à l’emballage du produit, lorsque cela est nécessaire, afin de garantir une finition nette.
«L’UV offre un séchage immédiat. Il est ainsi possible d’imprimer sur des supports fermés, plastiques ou synthétiques, sans primer pour que l’encre accroche. En outre, cette technologie apporte une résistance au frottement, sans besoin de pelliculage ou d’une autre protection, indique Régis Ruys, chef de marché Industrial Printing chez
Konica Minolta France. Notre machine AccurioJet KM-1ecombine ainsi les avantages des presses numériques et du séchage par UV, ce qui évite les imperfections ou les ondulations qui peuvent être provoquées par les dispositifs de chauffage ou de séchage. Nos encres sont conformes aux exigences de l’alimentaire et du jouet et les packagings imprimés sont désencrables pour la plupart».
Outre le carton et d’autres supports, comme des emballages souples par exemple, la technologie jet d’encre peut habiller tubes extrudés et boîtes cylindriques en aluminium. «Notre module Direct Digital Printingpermet d’imprimer directement sur des tubes ou supports cylindriques, l’encre est réticulée par le séchage UV. Grâce au numérique, le changement de teinte ou de design peut être réalisé sans avoir à changer d’outillages. Cela offre beaucoup plus de flexibilité qu’une impression dite traditionnelle. Cela permet d’apporter de la personnalisation et je dirais même de l’ultra-personnalisation avec une impression possible pièce par pièce», explique Rédouane Mérizek de la société Isimat (groupe Kurz).
Toujours pour des pièces cylindriques, Isimat propose également une solution d’impression indirecte. Deux unités sont ici combinées. Dans le module d’impression numérique, un film de support est imprimé avec la maquette individuelle. La seconde unité – le module de transfert – est intégrée à la machine. L’image transférée peut être appliquée sur un article vierge ou déjà décoré. L’idée : tirer parti à la fois des avantages de l’impression traditionnelle et de l’impression numérique !
«Pas de coût fixe ni d’économie d’échelle : l’impression numérique prend son sens pour l’impression de petites séries, de réassorts ou lorsqu’il s’agit d’intégrer de la donnée variable, confirme Laurent Connesson, en charge du Support Ventes numériques national chez Heidelberg. Le prix unitaire est le même quelle que soit la quantité imprimée. Pour autant, l’une des limites de la technologie jet d’encre aqueuse peut être le séchage nécessaire sur les supports fermés, l’autre concerne le nombre de couleurs restreint».
… et performantes
« Dans le domaine de la cosmétique, en particulier pour les produits de maquillage, la qualité de la couleur imprimée sur les packagings est primordiale car le client ou la cliente attend, sur sa peau, le même rendu visuel que sur l’emballage», note Philippe Bodet, responsable des marchés packaging pour HP Indigo pour la France. «Toute couleur peut se décomposer théoriquement en trois couleurs primaires plus le noir. Néanmoins, dans la pratique de l’imprimerie, le recours à des couleurs complémentaires est parfois nécessaire pour affiner le rendu. HP Indigo est la seule technologie du marché dotée de sept couleurs – les trois couleurs primaires et le noir, complétés par de l’orange, du vert et du violet – pour offrir un gamut (un spectre d’impression) étendu, permettant, par exemple, de distinguer le rose bonbon du rose fuschia. Un ton direct peut également être fabriqué à la demande».
Pour répondre aux besoins d’une colorimétrie juste, HP Indigo a, par ailleurs, breveté un processus automatisé́ de calibration des couleurs. Spot master, solution technologique proposée depuis 2020 sur les presses HP Indigo 200K, 35K et 6K dédiées à l’impression de packagings et d’étiquettes, permet d’atteindre la teinte ciblée en économisant temps et matière première. «Cet outil permet de mesurer la couleur précisément sur un échantillon via un spectrophotomètre avant de la reproduire dans la machine en un temps très court avec très peu de feuilles de calage (moins d’une dizaine pour neuf tons directs calés simultanément)», précise Philippe Bodet.
Dans le domaine des étiquettes, l’utilisation de l’impression numérique est croissante. L’absence de plaques d’impression offre là aussi une flexibilité que l’impression traditionnelle ne peut offrir. À titre d’exemple, la société Xeikon propose deux technologies numériques d’impression d’étiquettes avec séchage LEDs, économes en énergie : l’électrophotographie à toner sec et le jet d’encre UV LED, toutes deux adaptées aux contraintes des besoins des industriels de la beauté-cosmétique. «L’un de nos clients utilise notre technologie d’électrophotographie à toner sec pour imprimer des étiquettes apposées sur des flacons de parfum en verre. Cette technologie est une alternative à l’offset ou à la flexo plus de la sérigraphie», explique Patrice Lecomte, directeur des ventes chez Xeikon. «Le numérique permet de faire de la personnalisation et de la fantaisie. Nos machines peuvent, par exemple, imprimer des étiquettes numérotées avec de la dorure en ligne. Grâce au logiciel Varione, l’impression d’un design comme le papillon avec des effets de couleurs différents à chaque exemplaire est également possible. Le numérique est idéal pour imprimer des étiquettes uniques et personnalisées pour de petits volumes».
Pour un marché versatile
L’impression numérique : un réel atout pour les industriels de la cosmétique ? Absolument, répondent les fabricants de machines ! Au-delà de la personnalisation des packagings, contenants et étiquettes, et de l’intégration possible de données variables, l’impression numérique offre la possibilité d’imprimer à moindres frais, et rapidement, des séries modestes.
«L’ultra-personnalisation des packagings rendue possible par l’impression numérique répond aux attentes du marché cosmétique. Notamment, avec des produits que les marques renouvellent plus fréquemment, avec des consommateurs qui suivent les recommandations d’influenceurs sur les réseaux sociaux, par exemple», relève Rédouane Mérizek.
«Les marques sont devenues vigilantes quant à la quantité d’emballages qu’elles stockent et ont besoin de flexibilité. La durée de vie d’un produit cosmétique est aujourd’hui beaucoup plus courte qu’avant du fait, notamment, de la mode influencée par les réseaux sociaux. En outre, l’évolution rapide de la réglementation peut les conduire à changer la composition d’un produit», complète Philippe Bodet.
Autre tendance constatée par Régis Ruys : l’émergence du web-to-pack permettant l’envoi de packagings carton personnalisés à la demande, en ligne. «Aujourd’hui, les jeunes gens embauchés par les donneurs d’ordre dans le domaine du packaging sont nés avec les réseaux et avec internet. Commander en ligne, via une interface adaptée, leur semble naturel. Cela participe aussi à l’élan numérique».