
Sachets pour café : le choix évident de la monomatière
publié le lundi 30 juin 2025
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Le marché du café continue de croître, porté entre autres par le développement du segment des cafés de qualité. Pour leurs emballages, les marques s’orientent clairement vers des sachets mono-matériaux (PE et PP) avec barrière pour répondre à la fois aux exigences des consommateurs et des règlementations. Ces films nécessitent toutefois des ajustements ou des changements d’équipements : un challenge pour les fournisseurs et leurs clients.
Le marché du café est actuellement en pleine évolution, portée par plusieurs tendances. L’une des plus évidentes est sa montée en gamme – les consommateurs recherchant de plus en plus de cafés de qualité, notamment des cafés de spécialité et/ou des variétés biologiques. «Les données du secteur, à l’instar des résultats d’une étude de marché réalisée en 2024 par Fortune Business Insights, indiquent que le marché mondial du café devrait connaître une croissance régulière au cours des prochaines années, avec un taux de croissance annuel estimé à environ 4 à 5%. L’Europe reste le plus grand marché. Dans ce contexte, les cafés moulus, en grains et instantanés vendus en sachetsgagnent en popularité, notamment dans les circuits de la vente au détail et du commerce en ligne», analyse Renata Poklonova, responsable du segment des emballages flexibles pour café, chez Constantia Flexibles. «Les dynamiques récentes du marché en Europe du Sud, notamment en France, montrent une légère augmentation de la consommation de café en grains, tandis que le café moulu — en particulier dans des formats sous vide — semble connaître un recul progressif à ce stade. Cette tendance reflète l’évolution des habitudes de consommation et une préférence croissante pour des formats plus frais ainsi que la possibilité de moudre son café à domicile. Le café instantané reste relativement stable, bien que sa croissance soit limitée dans les marchés traditionnellement axés sur l’espresso», complète Andrea Cason, responsable grands comptes de l’entreprise Goglio.
«La part du café en grains augmente de façon générale. Le marché se développe à la fois en entreprise et à domicile, car les consommateurs sont plus équipés. Ces produits sont moins transformés et génèrent de la diversification avec par exemple plus de gammes, ou des contenants plus petits – de 500 g au lieu d’un kilo. Par ailleurs, les petits et moyens torréfacteurs prennent des parts de marché sur un segment plus haut de gamme. Ils utilisent pour la plupart des sachets préformés personnalisés permettant la multiplication des références», remarque Benoît Charpentier, directeur de l’usine Breger Centre, site du groupe Brodart Packaging spécialisé dans les emballages souples. «Nous nous équipons pour faire face à des tirages de plus en plus courts. Nous faisons également évoluer nos services pour les plus petites entreprises, en proposant par exemple de la dépose d’étiquette sur des sachets neutres ou sur des sachets génériques», ajoute Sébastien Brodart, directeur général du groupe. Le site de Breger Centre s’est également équipé d’une seconde machine de dépose de valve de dégazage pour des sachets préformés que des clients peuvent commander en petite quantité.
Des besoins en barrière qui diffèrent selon le café
« Les consommateurs d’aujourd’hui recherchent des emballages qui préservent la fraîcheur – surtout pour le café moulu ou en grain – et offrent une utilisation facile. Des fonctionnalités telles que les sachets faciles à ouvrir et refermables sont de plus en plus attendues», note Renata Poklonova. En parallèle, les discussions en cours autour des futures réglementations européennes poussent de nombreuses marques à repenser leurs stratégies d’emballage. La plupart évaluent ou passent à des solutions dites «prêtes au recyclage», avec un intérêt croissant pour les matériaux mono-matériaux. «Les exigences structurelles des sachets de café varient en fonction du type de café qu’ils contiennent. Le café en grains nécessite de fortes barrières à l’oxygène et aux arômes pour préserver la fraîcheur et les saveurs dans le temps. Le café moulu est encore plus sensible à l’oxydation et requiert des propriétés barrières renforcées. Le café instantané, quant à lui, est particulièrement vulnérable à l’humidité, ce qui rend indispensable une barrière élevée à la vapeur d’eau», détaille-t-elle. C’est différent pour les dosettes : le café étant déjà contenu dans une capsule protectrice, l’emballage extérieur joue un rôle plus secondaire. « Il doit toujours assurer une certaine protection, mais l’accent est souvent mis sur la commodité, le branding et l’efficacité logistique, plutôt que sur la conservation directe du produit», ajoute la porte-parole de Constantia Flexibles, qui propose des solutions mono-matériaux à base de PE, PP ou papier.
Le développement des sachets en PP ou PE
Les marques cherchent donc aujourd’hui, avant tout, des sachets recyclables, et les fournisseurs étoffent leurs gammes de sachets à base de films mono-matériaux. Brodart Packaging a, par exemple, développé la gamme Elanil y a quelques années, avec notamment un duplex PE adapté au café moulu, ainsi qu’un triplex PE pour le café en grain, permettant ainsi d’éviter tout risque de perforation lorsque le grain est mis sous vide. Si la société propose depuis plusieurs années des sachets en papier, pour Benoit Charpentier cette matière n’est pas une solution d’avenir sur le marché du café. «Si à terme la part papier augmente à 80% pour qu’un emballage reste recyclable, la part plastique restante ne sera pas suffisante pour assurer des barrières optimales et une bonne résistance mécanique. On constate en revanche un retour du suremballage en papier pour des emballages de regroupement», dit-il. «Il y a indéniablement un fort mouvement vers les sachets mono-matériaux pour le café. Bien que les emballages soient plus légers qu’auparavant, nous sommes toujours en mesure de garantir la même durée de conservation, car nos matériaux sont dotés de propriétés barrières suffisantes», souligne de son côté Holger Hoss, responsable de la gestion des produits stratégiques de Südpack. Le groupe a lancé la gamme PureLine, composée de solutions à base de PP ou de PE. Des valves mono- matériaux, également en PP ou PE, peuvent être intégrées aux sachets par scellage thermique ou par ultrasons. Comparée à une solution d’emballage conventionnelle en PET/aluminium/PE, une solution à base de PP permettrait de réduire les émissions de CO2 de plus d’un tiers, selon une analyse de cycle de vie interne réalisée par Südpack. Les projections indiquent également qu’en comparaison avec un concept d’emballage traditionnel, la quantité de matériau peut être réduite de près de 20%, sans compromettre la protection du produit. L’entreprise affirme, en outre, que son flowpack PurePP peut atteindre environ 90% de recyclabilité, selon le niveau d’impression appliqué. Le passage au procédé d’impression SPQ (Sustainable Print Quality) de Südpack peut en effet améliorer l’empreinte carbone ainsi que la recyclabilité dans les procédés d’impression flexographique et héliographique. «Nous constatons une tendance vers l’impression flexo, car la qualité ne cesse de s’améliorer et ce procédé est plus durable. Le marché du café utilise encore traditionnellement l’héliogravure, mais s’oriente désormais vers la flexographie», assure Holger Hoss.
Des monomatières qui nécessitent des ajustements ou des changements d’équipements
L’entreprise grecque Hatzopoulos a lancé en 2018 la gamme X Cycle de films mono-matériauxfabriqués à base de PE, PP ou d’un mélange de PP et PE (Mix-PO). Les polyoléfines mixtes sont considérées comme recyclables dans plusieurs pays européens – comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Italie. Ces films garantissent de fortes propriétés barrières grâce à différentes compositions. «La protection est assurée par des matériaux comme l’EVOH, et des revêtements tels que la métallisation, l’AlOx ou le SiOx, selon l’application. Nous cherchons également à réduire le nombre de couches dans les structures de films, en passant de structures triplex (trois couches) à duplex (deux couches) tout en maintenant les propriétés barrières et les performances. Cela dépend du choix des matières premières et de notre collaboration avec nos fournisseurs pour développer des matériaux innovants. Par exemple, nous avons développé un duplex OPP pour les dosettes de café, alors que la structure actuelle est majoritairement un triplex OPP/PET/PP», décrit Dionysis Chatzikamaris, responsable grands comptes de Hatzopoulos, pour la France et le Portugal. Un défi majeur lié à l’utilisation des films mono-matériaux vient des équipements présents chez les clients. «Nous avons développé nos films pour qu’ils soient compatibles avec les dernières machines d’emballage, mais il est assez fréquent que certains conditionneurs alimentaires disposent encore de lignes d’emballage plus anciennes», souligne-t-il. «Notre film est conçu pour fonctionner également sur ces lignes plus anciennes, où un investissement supplémentaire peut être nécessaire, comme des barres de soudure compatibles avec les structures mono-matériaux ou la fourniture de valves LSIT que l’on peut sceller à plus basse température sans que cela abîme le film», ajoute-t-il. Chez Brodart Packaging, Benoît Charpentier souligne l’importance de bien choisir les supports car «ces nouvelles matières nécessitent une autre technicité, notamment concernant les températures de soudure. Nous nous sommes équipés d’une nouvelle machine de façonnage spécifiquement pour les monomatières. Chez les conditionneurs, celles-ci impliquent des réglages plus fins sur les machines existantes ou bien de nouvelles machines – afin d’éviter des baisses de cadences ou plus de déchets. Ce qui est compliqué, c’est qu’une solution peut fonctionner chez un client mais pas chez un autre, selon le vernis utilisé, l’épaisseur d’un film, etc.», constate-t-il. Brodart Packaging conçoit actuellement un sachet en 100% PP, plus facile à travailler sur les lignes de production. «Nous nous préparons avant l’arrivée des filières de tri dédiées au PP» indique Sébastien Brodart.
Intégrer du recyclé dans les films
« L’intégration de contenu recyclé peut être une première étape si le passage au mono-matériau semble trop difficile», remarque Dionysis Chatzikamaris. Hatzopoulos a mis au point la gamme d’emballages X-LOOP™, qui intègre des plastiques circulaires et bio-circulaires. Elle est contrôlée selon la méthode mass balance ISCC Plus et apte au contact alimentaire. Les propriétés mécaniques, physiques et chimiques de ces films restent identiques à celles des films vierges, tout comme leur performance sur les lignes de transformation et d’emballage. «Le passage aux films mono-matériaux peut entraîner certains défis, comme des coûts initiaux plus élevés et parfois la nécessité d’ajustements sur les lignes d’emballage. Cependant, à mesure que les matériaux évoluent et que la production se développe, ces obstacles deviennent plus faciles à surmonter», assure Renata Poklonova.
Actuellement, les laminés mono-matériaux peuvent être légèrement plus coûteux que les laminés traditionnels, principalement en raison de volumes de production encore faibles et des efforts continus en R&D. «En ce qui concerne la machinabilité, les derniers développements permettent désormais d’atteindre une performance équivalente sur les lignes d’emballage existantes, en particulier lorsque les matériaux et les machines sont conçus pour fonctionner ensemble», souligne Andrea Cason.
Des spécialistes du café imaginent des emballages alternatifs
« Bien que les sachets souples restent le format dominant, on observe un intérêt croissant pour des systèmes d’emballage alternatifs, en particulier dans le segment du café en portions», ajoute-t-elle, citant en exemple une capsule compostable fabriquée par Goglio, dotée d’une valve de dégazage également compostable. Les marques explorent en effet de nouveaux formats d’emballages, dont le café en mono-dose. Le site de e-commerce «Café du jour» propose par exemple du café en sachet, sous forme de filtres à café pré-remplis avec des rabats de fixation à suspendre sur la tasse. Idem pour le coffee shop Araku et son café de spécialité bio en mono-dose. La marque Grower’s Cup a elle imaginé un sachet nomade rempli d’une dose de café de spécialité pour deux tasses : l’utilisateur verse directement l’eau chaude dans le sachet et laisse infuser avant de verser le café dans une tasse grâce à un bec verseur intégré. Le sachet est réutilisable deux à quatre fois après lavage et séchage, puis se recycle dans la même filière que les briques de lait. Par ailleurs, les sachets en papier (avec couche d’EVOH le plus souvent) sont prisés par les petites boutiques. Le site «Café du jour» propose des grains de café bio dans un sachet papier de 500 g. En grande distribution, les grandes marques commercialisent des recharges de café instantané en sachet doypack avec ou sans zip plastique, dans des contenances qui diffèrent – à l’instar de la recharge de Maxwell House en 180 g, ou de celle de la marque Carte Noire en 144 g. Quant aux boites en métal, elles séduisent les consommateurs par leur praticité et la possibilité de les réutiliser. De nombreuses marques en proposent pour du café moulu ou instantané, et parfois pour des séries limitées. Plus surprenant, des artisans torréfacteurs ont opté pour la cannette – un emballage robuste, étanche et réutilisable – afin de conditionner leur café en grains – comme les Cafés Pfaff(la canette est réutilisable grâce à un capuchon), ou les Cafés Celtik. Des formats qui apportent des fonctionnalités différentes et un peu de renouveau aux consommateurs.